L’exploitation agricole, l’ananas
Entourée d’habitations, Basse-Pointe a su conserver sa vocation, sa fertilité et sa modernité agricole !
Basse-Pointe apparaît comme le plus gros producteur d’ananas de Martinique, vient ensuite Ajoupa-Bouillon. Les producteurs d’ananas de Basse-Pointe sont pour la plupart situés sur les hauteurs de la Montagne.
L’époque florissante de l’ananas transformée
Auparavant, la production d’ananas était essentiellement destinée à la transformation ; à l’usine industrielle de la SOCOMOR ( Morne Rouge ), (jus, cubes et tranches en conserve). L’ananas était alors célébré à la Fête de l’ananas à Ajoupa-Bouillon.
Depuis la fermeture de la SOCOMOR ( en 2000 ) ; les producteurs se sont orientés vers la distribution du fruit sur le marché du frais.
La structuration de la filière
A Basse-Pointe, deux opérateurs interviennent dans l’organisation de la filière :
- L’organisation de producteur (OP) ‘Ananas Martinique’ à Vivé (au Lorrain) : les producteurs pointois adhérant à cette coopérative ; bénéficient de sa filière de distribution ( la coopérative) ;
- L’association loi 1901 ‘Ananas Bô Kay’ : la plupart des producteurs pointois membres de cette association sont aussi adhérant de l’OP SOCOPMA (société coopérative des petits maraichers) qui est une coopérative Fruits et légumes.
Dans les deux cas, la production d’ananas est destinée à la vente sur le marché du frais ; on parle de l’ananas de fruit.
L’Ananas de bouche
Aujourd’hui l’ananas cultivé est l’ananas de fruit. En effet, l’unité de transformation ayant fermé, les producteurs se sont consacrés exclusivement au marché du frais.
Les fruits très fragiles sont produits uniquement pour la consommation locale. La culture de l’ananas est rentable mais la production locale demeure insuffisante. Elle est complétée par de l’ananas de Saint-Domingue pour satisfaire la consommation des martiniquais.
La floraison de l’ananas est techniquement provoquée ; ce qui permet une prévision et une planification. De plus, la culture est accompagnée par des financements européens ou des soutiens régionaux. A ce titre, le POSEIDOM (Programme d’Option Spécifique à l’insularité et à l’éloignement des DOM) prévoit, entre autres, une ligne d’aide à production sur laquelle émargent les producteurs adhérents d’une OP.
La Culture de l’ananas à Basse-Pointe
Le territoire de Basse-Pointe est propice à la culture de l’ananas avec :
- 9 producteurs d’ananas sont adhérents à ‘Ananas Martinique’
- 5 exploitants agricoles membres de l’association ‘Ananas Bô Kay’
Les surfaces
En terme de surface, les membres de l’association ‘Ananas Martinique’ cultivent en moyenne 1 ha d’ananas.
Pour la plupart des petits producteurs, la culture de l’ananas n’est pas exclusive car son cycle est relativement long. En effet, le cycle de l’ananas fait 18 mois ; sa culture exclusive monopoliserait la terre et poserait des problèmes de trésorerie.
A l’opposé, la culture de tubercules ou le maraîchage prennent respectivement 1 et 3 mois ; celle du concombre 40 jours.
Deux exploitants de Basse-Pointe sont spécialisés dans l’ananas et détiennent chacun 10 hectares plantés exclusivement en ananas. Un producteur affirme faire de l’ananas Bio.
Les variétés d’ananas cultivés :
1) la plus répandue : la MD2
2) à petite échelle : l’ananas Bouteille, La Queen Victoria, le RL41 (à peau rouge)
Le tonnage
On considère que 0,5 ha d’ananas plantés donnent 20 tonnes sur le cycle de 18 mois.
En moyenne la tonne est vendue à 1 000 €.
Globalement, la production annuelle de Basse-Pointe en ananas est estimée:
- à 100 tonnes par an pour Ananas Martinique
- à 10 tonnes par an Ananas Bô kay
- à plus de 400 tonnes par an pour le plus gros exploitant
Le prix de l’ananas
- prix moyen "en sortie de champs" : 1 € le kilo
- prix moyen de vente au consommateur "en bordure de route" : 2 € le kilo
- prix moyen de vente "en supermarché" : 2 € à 2,5 €
Les questions actuelles
a) Les solutions suite à la pollution
Il est à noter que les petites exploitations d’ananas ne sont pas concernées par la pollution car elles n’ont pas cultivé de bananes ; cet état de fait est confirmé par les résultats de l’analyse des sols.
Les changements de méthode culturale (absence de produits phytosanitaires, utilisation de produits naturels biodégradables) permettent de consommer sans risque l’ananas du sol pointois.
Les mesures prises suite à la pollution au chlordécone sont nombreuses :
- la fermeture des sources
- la mise en jachère des terres
- la protection des cours d’eau existants
- la création de ZAP dans le cadre du PLU en cours d’élaboration (prise de mesure conservatoire des terres fertiles).
b) Le manque d’implants
Aujourd’hui, les producteurs d’ananas sont confrontés à un déficit d’implants.
Cette question ne se posait pas à l’époque de la transformation locale du fruit car l’unité SOCOMOR achetait l’ananas sans couronne.
Sur le marché du frais, le consommateur est habitué à la couronne du fruit, qui permet aussi de le conserver plus longtemps.
Les producteurs d’ananas mettent en œuvre plusieurs solutions pour répondre au besoin d’implants :
- la plantation de variétés avec un fort taux de rejet (ananas Bouteille, ananas Victoria)
- la récupération des rejets (plants à côté de la plante mère) sur le champ après la récolte
- la recherche de nouvelle variété.
c) Les pratiques culturales et l’agriculture raisonnée
Les producteurs d’ananas mettent en pratique des méthodes pour une activité agricole efficace et respectueuse :
- le paillage par film plastique permet de lutter contre le problème d’enherbement
- la recherche de variétés résistantes permet d’abandonner l’utilisation de pesticide
- l’introduction de vitro plants (fabriqués au CIRAD) est une solution pour des plants plus résistants
La modernité agricole
La production tend vers une agriculture raisonnée c'est-à-dire :
- mise en œuvre de nouvelles pratiques culturales : retour vers une fumure naturelle (fumier au lieu d’engrais)
- absence de pesticide et de produits phytosanitaires
- sarclage manuel
- paillage plastique pour lutter contre l’enherbement et les parasites
En substance, l’agriculteur pointois doit toujours résoudre une équation avec deux valeurs nobles celle de la technique et celle de la terre.