Evoquer Basse-Pointe c’est évoquer les indiens de Martinique, le site d’exploitation ( aujourd’hui fermé ) de l’hôtellerie « Le Leyritz » et la plaine c'est-à-dire le plateau mécanisable à 100 %. En effet, la morphologie du territoire pointois, facilite la mécanisation agricole.
Entourée d’habitations, Basse-Pointe a su conserver sa vocation, sa fertilité et sa modernité agricole !
Le territoire de Basse-Pointe compte 12 exploitations agricoles :
- Groupe Aubery : Capote, Jardin Clément, Chalvet, Moulin l’Etang, Eyma, Gradis, Verger
- et Pécoul, Leyritz – Senecourt, Leyritz Bérenger, Hackaert, Bellevue
Les exploitations bananières s’étendent à la fois sur le plateau et les hauteurs (Leyritz et Gradis).
La structuration de la filière
Le groupement des producteurs BANAMART regroupe les grands exploitants de Basse-Pointe et forme avec le LPG (union des producteurs de Guadeloupe) l’Union des groupements. La banane est faite sous la marque de BANAMART.
Les surfaces - En quelques chiffres clefs
- 12 exploitations bananières sur Basse-Pointe ce qui représentent 450 ouvriers
- un ratio de 2 ha pour un ouvrier soit entre 900 et 1000 ha
- une exploitation moyenne dispose d’une surface de 15 à 20 ha
- la plus grosse exploitation agricole de Basse-Pointe c’est Le Leyritz avec 225 ha (traces incluses)
- En moyenne, une surface d’1 ha est plantée avec entre 2000 et 1900 pieds de bananes.
Le tonnage
La production en banane de Basse-Pointe représente 60 000 tonnes par an (à raison de 60 tonnes par ha). On peut dire que Basse-Pointe est le grenier de la banane en Martinique ; ensuite arrive Sainte-Marie.
Le rendement
Pour obtenir un bon rendement, il est nécessaire de faire entre 480 à 500 régimes par conteneurs (540 cartons) ; soit 110 régimes par ouvrier agricole.
Un marché hautement concurrentiel
La forte concurrence du marché international a imposé l’abandon des périodes de cyclonage de la banane. La présence continuelle sur le marché de la banane de Martinique est une question de survie face à la concurrence de la banane dollar (Costa rica, Equateur, Honduras, Amérique centrale) et de la banane d’Afrique (Cameroun, Côte d’ivoire).
Aujourd’hui la banane se vend toute l’année ce qui implique une récolte en permanence.
La récolte
Pour une habitation, les parcelles sont orientées et organisées de telle sorte que la récolte se fasse par palier avec des stratégies de mise en jachère. Par exemple, sur 85 ha, le Leyritz dispose de 15 ha en jachère.
La main d’œuvre
Le terreau de l’économie bananière est la main d’œuvre.
L’activité agricole est un fort pourvoyeur d’emplois à Basse-Pointe : on estime que près de 55 % des ouvriers agricoles des habitations sont originaires de Basse-Pointe. Au Leyritz, près de 80 % des actifs ouvriers agricoles sont pointois.
Le besoin de main d’œuvre couvre à la fois l’avant récolte et la récolte. Avant la récolte, l’exploitation agricole sollicite des emplois annexes qualifiés qui concernent : le "comptage de régime", "l’habillage", "l’attachage", le "coupe-feuille", "l’œil tonnage" (sélection des rejets), etc.
Plus que la canne, la banane est manuelle. A cet égard, la banane fait appel à une variété de profil de poste : coupeurs, tireurs, arrimeurs, chauffeur, etc.
La fragilité de la banane appelle plusieurs types d’interventions techniques.
- La banane récoltée est transportée dans le hangar. Puis vient l’intervention du déchargeur, puis celle de l’épistilleur (retrait des pistilles pour ne pas abimer le bouquet).
- Ensuite le ‘dépatteur’ enlève les bouquets sur la hampe central du régime (on parle de « djinn » en créole) ; il met le bouquet dans le bac à dépattage pour lui permettre d’ingurgiter son latex (= la colle qui sort du bouquet).
- Une fois le bouquet lavé, les découpeuses trient et sélectionnent dans des « trés » les bananes selon leurs catégories et leurs calibres. En effet, plusieurs catégories existent : le Label, le Pays long, le Pays court.
- Après sélection des découpeuses, la banane part en direction de "l’emballeur" puis passe dans un premier tunnel de lavage et un deuxième tunnel de traitement de fongicide (lutte contre les bactéries).
- A ce stade, l’opération dite de "stickage" intervient : elle consiste à appliquer une étiquette pour indiquer l’origine et la catégorie de la banane.
- Étiquetée, la banane est pesée à raison de 21 kg par plateau. Puis elle est confiée à l’emballeur qui la met dans un carton en direction du palettiseur qui applique un code barre pour la traçabilité du fruit.
- Une fois les palettes chargées, le conteneur plombé est fermé et conduit au port de Fort-de-France.
Le travail de la banane implique une discipline et une rigueur de part la délicatesse du fruit.
C’est un travail d’orfèvre par le soin technique qu’il implique.
Basse-Pointe, porte d’entrée de l’exportation
On considère que 100 % des bananes des grandes exploitations bananières de Basse-Pointe sont destinées à l’export. Cela représente en moyenne 210 000 tonnes de bananes par an ; soit par semaine : 700 conteneurs à raison de 21 tonnes par conteneur soit un total de 14 700 tonnes hebdomadaires exportées. Ainsi, l’activité agricole de Basse-Pointe est une ouverture vers l’export.
Avec une nature luxuriante et un cœur à l’export, la banane de Basse-Pointe mérite d’être revalorisée.
L’agritourisme, une activité d’appoint envisagée
Des initiatives touristiques , telle que l’hôtel de La Plantation Leyritz se sont soldées par un échec suite à des problèmes de gestion et faute d’accompagnement.
Il existe des opportunités de développement agritouristique autour des habitations et leurs exploitations mais elles n’émergent pas faute de concertation. Pourtant la demande en animation touristique est pressante et les efforts ne convergent pas suffisamment pour construire une offre mutualisée.
Initiatives de transformation de la banane
Des exploitants de Basse-Pointe ont fait diverses tentatives de transformation de la banane (fruits séchés, chips, ketchup, etc). Ces expériences se sont confrontées à un manque de compétitivité face aux produits importés.
L’aide compensatoire
L’économie agricole est reconnue comme une économie qui doit être compensée. Selon des exploitants agricoles de Basse-Pointe, l’économie de la banane est socialement soutenue.
Les solutions faces à la pollution
Face à la pollution des terres agricoles par le chlordécone, des initiatives en faveur de l’agriculture raisonnée sont prises par la filière :
- utilisation de produits homologués et respect des normes européennes
- suivi de l’exploitation par des techniciens
- mesures prises pour limiter l’impact de la pollution et sécuriser l’usage des produits phytosanitaires
- formation des ouvriers agricoles et amélioration de la sécurité au travail
- la fermeture des sources
- la mise en jachère des terres
- la protection des cours d’eau existants avec contrôle des exploitations
- la création de ZAP dans le cadre du PLU en cours d’élaboration (prise de mesure conservatoire des terres fertiles)
Néanmoins, certains observateurs exploitants agricoles de Basse-Pointe regrettent le manque d’incitation à la dépollution.
La qualité sanitaire du fruit
On peut manger la banane sans risque car la pollution des terres ne remonte pas jusqu’au fruit.
La traçabilité
Pour redonner la confiance aux consommateurs, les producteurs en appellent à plus d’initiatives de contrôle par les autorités compétentes (répression des fraudes, le service sanitaire) pour valider la traçabilité des produits écoulés.
Le regain agricole
Des exploitants de Basse-Pointe s’accordent à dire que la pollution a instauré une psychose.
Selon des exploitants de Basse-Pointe, un discours de vérité agricole devrait redonner confiance et ferveur en l’économie agricole. Les valeurs de partage, la conscience professionnelle, la ferveur, l’envie et l’amour de la terre sont une pratique quotidienne pour les ouvriers et les exploitants agricoles de Basse-Pointe.
La qualité sanitaire, l’amélioration des conditions de travail des ouvriers agricoles, et le dialogue social sont des impératifs pour la filière.
La modernité agricole
La réflexion des exploitants agricoles sur l’avenir de la banane porte sur la recherche de justesse et d’équilibre entre la sécurité de l’emploi et les enjeux environnementaux.
La modernité agricole cherche à conserver l’emploi et à répondre aux enjeux d’une agriculture raisonnée. Les exploitants de Basse-Pointe sont conscients de leur responsabilité dans la sécurité de l’emploi des ouvriers agricoles.
Quel que soit le point de vue, l’économie de la banane pose la question de la responsabilité.
Le débat autour de la banane reste un débat passionné.