L'indianité
L’histoire de l’indianité à Basse-Pointe
Avec l’abolition de l’esclavage, la question de la main d’œuvre se pose à l’économie coloniale en Martinique. Elle trouve une réponse structurée par les décrets du 13 Février 1852 et du 27 Mars 1852 qui donnent le cadre juridique à l’immigration de travailleurs indiens en Martinique. Les 300 premiers travailleurs immigrés en provenance d’Inde rejoignent la capitale économique d’alors : Saint-Pierre.
Dans les communes du Nord de la Martinique, la forte présence des travailleurs Indiens s’explique par les grandes surfaces agricoles absorbant une nombreuse main d’œuvre.
Cependant, l’arrivée des Indiens en Martinique ne coïncide pas avec la citoyenneté française. C’est en 1923 que les Indiens de Martinique se voient autoriser l’inscription sur les listes électorales et le recrutement en service militaire.
Des notables tel que Eugène GOVINDIN, conseiller municipal de Basse-Pointe et le juriste Henri SIDAMBAROM en Guadeloupe, œuvrent pour permettre la conquête des droits civiques et sociaux des travailleurs indiens.
Lire le Témoignage de sa fille : ici.
Avec le temps, les Indiens non rapatriés s’intègrent et s’organisent pour maintenir leurs pratiques culturelles et cultuelles. Cette identité s’exprime par la créolisation des coutumes indiennes et l’adaptation des pratiques. C’est l’exemple de la cérémonie du Puja qui quitte le cercle familial ou personnel pour le noyau collectif.
Une présence indienne pointoise
En Martinique, Basse-Pointe est reconnue comme le foyer d’accueil des indiens venus d’Inde (essentiellement de Pondichéry). La composante indienne de la population pointoise est née du métissage des descendants d’indiens martiniquais.
Les premiers indiens sont arrivés en Martinique pour répondre aux nouveaux besoins de main d’œuvre après l’abolition de l’esclavage. Ils se sont installés pour la plupart à Basse-Pointe.
Cette présence indienne est marquée par la vivacité des rituels (« bon dié coolie ») dans les deux principaux temples de Basse-Pointe : le temple situé à l’entrée du bourg (en face de l’Habitation Moulin l’Etang) et le temple de l’Habitation Gradis en témoignent.
Les expressions de l’indianité à Basse-Pointe
Aujourd’hui, on observe une réappropriation du patrimoine de l’indianité à Basse-Pointe.
Depuis la célébration du 150ème anniversaire de l’arrivée des Indiens en 2003, l’indianité à Basse-Pointe s’exprime à bien des égards par : la survivance de l’aspect cultuel, les cérémonies assez régulières, la valorisation de la gastronomie créole indienne, les danses traditionnelles, etc.
Ce patrimoine est vivant.
· Cette vivacité s’expose par exemple lors de marchés culinaires (le dernier en date s’est tenu le 19 Mai). C’est l’occasion pour le chaland de découvrir : plusieurs types de Colombo, le Vadè (accras salé avec du mandja), le pannialon (accras sucré à base de farine riz), les accras sucré salé, le Lasson (préparation à base de lentilles, le bradjet (plante etc).
· Cette vivacité se transmet lors des danses. C’est la possibilité de s’inscrire par exemple à un atelier de danse indienne ouvert à tous, et animé par une initiée (inscription à l’OPACS).
La danse étudiée est sortie des temples et s’expose. Des manifestations se tiennent régulièrement en Mai autour de l’animation de l’atelier ; vous y êtes cordialement invités. Il s’agit d’un spectacle produit par l’atelier de l’indianité pour valoriser ce patrimoine indien et permettre sa réappropriation par le plus grand nombre.
· Cette vivacité se dit par la transmission des valeurs et le passage de témoin. C’est tout le sens de l’hommage rendu aux anciens lors des journées de l’indianité (rendez-vous bi annuels, en Mai à la salle des fêtes).
· Enfin, elle se lit par la présence d’une population métissée.
La célébration de l’indianité sous ses expressions diverses est devenue un rendez-vous du calendrier des pointois et un temps fort culturel.
Ce mouvement authentique est vecteur de dynamisme pour la commune et de nouvelles opportunités de développement économique.
En chiffres…
- En 30 ans (soit de 1853 à 1883) près de 25 509 Indiens émigrent pour travailler
- 15 425 Indiens décèderont en Martinique entre 1853 et 1900
- 11 951 travailleurs indiens seront rapatriés
Source exploitée : Dossier le 150 ème anniversaire de l’arrivée des travailleurs Indiens à la Martinique – Page 5 – Bulletin municipal n° 15 de Décembre 2003.